Les changements climatiques ont des conséquences sur bien de
secteurs
Les Organisations non gouvernementales se mobilisent pour amener les
populations à protéger les écosystèmes qui deviennent fragiles en raison de
l'activité humaine peu contrôlée. Le 5 juin de chaque année, les défenseurs de
l'environnement sensibilisent aussi bien le simple citoyen que les décideurs à
trouver des mécanismes pour éviter la destruction de la couche d’ozone, la
déforestation, la pollution, entre autres. Le constat sur le terrain est
sévère. Le président de l'ONG H₂O GABON, Henri Michel AUGUSTE, interpelle le
gouvernement.
Propos recueillis par
Danny KOUÉLÉ TOLÉ
Des villes vertes, un plan pour la
planète, c'est la thématique de la journée mondiale de l’environnement, quelle
en est la lecture de l’ONG H₂O GABON ?
Pour ce thème aujourd'hui concernant
la planète, le facteur premier qui va jouer sur notre planète, c’est quand même
le changement climatique. Quelles actions vont prendre les gouvernements africains
en faveur de cette situation sachant que la plupart des pays du continent sont
durablement touchés? Concernant notre pays, le Gabon, nous avons des problèmes
dans les deux principales villes, Libreville et Port Gentil. On aura aussi des
phénomènes du point de vue climatique qu’on n’a peut-être pas connus dans notre
pays. Vous voyez que si on ne fait rien dans les 25 ans ou 50 ans à venir,
notre pays ira contre le mur, surtout les deux
grandes villes où vit la majorité de la population. Si ces villes sont
atteintes quelles seront les actions ou solutions à proposer par nos
gouvernants ? Ce n’est pas simplement lié aux ONG’s, qui ne sont là que
pour signaler le problème et proposer des solutions les plus écologiques
possibles.
Les gouvernants doivent en prendre
conscience et doivent essayer de promouvoir des solutions en collaboration avec
les ONG’s, en se réunissant et en écoutant ces dernières, sur les moyens à
mettre en avant pour éviter que ces phénomènes n’impactent les populations,
c’est là le vrai problème. Des solutions peuvent être envisagées, d’une part,
pour mettre un frein à l’urbanisation galopante avec moins d’extension des
villes, c'est-à-dire la mise en hauteur : faire habiter les gens dans un
espace plus restreint. Ça veut dire, monter en verticalité et éviter
l’horizontalité. Il faut aujourd’hui une vraie logique d’urbanisation dans nos
villes. Nous devrons éviter l’anarchie. Nous devrons prendre en compte les
changements climatiques, et cela demande une préoccupation de tous les jours. Évidemment
il y a un facteur à ne pas négliger : l'argent pour tout réaliser.
L'érosion
côtière présente plus qu'auparavant un danger au village Cap Lopez. L’eau se
trouve quasiment à un pas du phare qui s’effondre progressivement. Quelles sont
les démarches auprès des décideurs locaux ?
On a été parmi les ONG’s qui ont alerté les pouvoirs publics sur l'avancement
de l’eau au Cap Lopez. On leur a dit qu'il fallait prendre en compte ce fameux
changement climatique. Cette érosion de nos côtes est produite par des actions
anthropiques ; il y a le fait par exemple que nos constructions impactent
plus le trait de côte ; nous savons que nous avons modifié les courants marins
et fluviaux, donc nous avons contrarié la Nature. Il ne faut pas oublier que
celle-ci a horreur du vide. La Nature corrige le problème à sa manière, qui
n’est pas forcément à l’avantage de l’homme. On le voit bien tout au long des
berges à l’intérieur de la baie de Port Gentil, comme on voit cette érosion au
Cap Lopez. Tous les courants passent par là. Ils viennent dans la baie. Des
courants qu’on trouve certainement en saison sèche ne sont pas ceux qu’on
trouve en période de pluies. Là aussi, il ne faut pas oublier qu’en saison
sèche, la mer modifie facilement le paysage. Les pluies modifient ces derniers
temps le trait de côte de façon flagrante et soudaine. Les erreurs humaines se
payent aujourd'hui. L’homme se préoccupe plus du profit sans prendre en compte
les problèmes climatiques. Il faut agir, H₂O pourrait proposer des solutions et
mener des actions dans ce domaine. Et il serait judicieux d’envisager des
solutions solides et durables, à moyen et long terme pour que
la ville de Port Gentil échappe à cette triste réalité. Est-ce qu’on doit
se battre pour sauver Port-Gentil ? L’ile Mandji mérite un regard
particulier. Il y a déjà les inondations qui sont insupportables.
Doit-on déplacer la ville, sachant
que les côtes, l’eau va monter ; le niveau de la mer est à zéro. Donc, ces
phénomènes climatiques vont s’intensifier et s'amplifier. Plusieurs problèmes
peuvent surgir : chômage, diminution des activités économiques ; les
changements climatiques ont des conséquences sur bien de secteurs.
« Villes
vertes, un plan pour la planète », que préconise votre ONG qui crée une
synergie administration / partenaires privés / société civile ?
Je souhaiterai tout d’abord lancer
un appel aux plus hautes autorités du pays pour qu’elles écoutent les ONG’s.
Les ONG’s ne sont pas là pour crier sur les gens ou les empêcher de faire
quoique ce soit, au contraire. On est là pour signaler les éventuels problèmes,
il faut en discuter pour les résoudre, et non se dire que les associations
vertes sont toujours contre ce que les autorités veulent faire pour
l’Environnement. Le but est que tout se fasse dans de bonnes conditions :
améliorer l’urbanisme, diminuer les populations en zones urbaines, créer des
nouveaux sites de relogement, plus de verdure dans les villes, le contraire de
ce qui se fait aujourd’hui, où l’on rase les arbres. Il faut monter en
verticalité, pour réduire l’expansion des centres urbains ; on devrait
améliorer le traitement des eaux usées, diminuer la pollution par les
plastiques, ça veut dire aussi améliorer notre bilan énergétique et carbone. Il
y a des solutions qui pourraient satisfaire tout le monde mais il manque
malheureusement la volonté politique. Et, c’est là où je trouve que beaucoup de
politiques ne sont pas à l’écoute des ONG’s telles que H₂O GABON qui essaie
d’apporter des projets et des solutions pérennisées pour l’avenir de notre pays,
en particulier pour améliorer les conditions de vie des populations.
N° 357 du mercredi 7 juin 2017 MATIN EQUATORIAL