mercredi 23 novembre 2011

Haro sur Port-Gentil, une ville exposée à tous les risques

Port-Gentil (Gabon) : Haro sur Port- Gentil, une ville exposée à tous les risques
communiqué de presse - 23 Novembre 2011






Port-Gentil, capitale économique gabonaise, au sud-ouest de Libreville, sur l’île Mandji, est, à l’instar d’autres villes modernes, exposée à tous les risques majeurs environnementaux et industriels. Prenons comme point de départ, le développement historique de la ville et les changements climatiques, pour mieux appréhender les différents périls qui guettent notre ville. Depuis les années 60, l’essor exponentiel de notre ville s’est fait autour de l’exploitation du pétrole et sans réflexion préalable des conséquences environnementales d’une telle urbanisation, donc en résumé, de façon anarchique.
L’agrandissement de l’emprise de la Ville a certes permis l’installation de la population sans cesse croissante et le développement industriel de notre Ville, mais ce mouvement s’est réalisé au détriment et non en bonne gestion des problématiques environnementales pour le bien des générations présentes et futures. Citons entre autre la déforestation, l’assèchement des marigots et la destruction des mangroves.
Actuellement, environ 50 ans plus tard, nous subissons les effets pervers de notre incurie : l’érosion de la côte de l’île Mandji depuis la façade océanique à l’Ouest, en passant par la pointe du Cap Lopez au Nord comme celle de l’intérieur de la Baie à l’Est. Les causes sont connues de tous : la déforestation du littoral océanique d’Ozouri jusqu’à celle « classée » du Cap Lopez, la destruction de la mangrove à l’intérieur de la baie pour des constructions industrielles ou autres, qui sont installées depuis la zone du nouveau port jusqu’à la marina de l’ancien hôtel « Neng Abembé ». D’autres effets indésirables sont constatés, dont la création d’un micro-climat sur l’île Mandji accentué par le changement climatique (mêmes causes pour les mêmes résultats mais à l’échelle planétaire). De violents et durables épisodes pluvieux inondent régulièrement les nombreux points les plus bas de notre ville, intensifiés par une montée remarquée de la mer. Ces inondations récurrentes lors des épisodes pluvieux surviennent même lors de marées à coefficient moyen et d’autres sans influence de la pluie. L’occupation des sols est une autre cause d’inondation, le sol de la ville étant recouvert par du bitume et du béton, les écoulements d’eau lors des pluies se dirigent de préférence une fois de plus vers les points les plus bas de celle-ci (Voir les solutions du Dr « WATER » pour la ville de Tokyo au Japon).
En résumé : érosion et destruction de mangrove = micro climat et inondations.
Mais d’autres périls pèsent sur nous et notre ville : ils ont origine l’activité humaine ou industrielle. Les effets les plus criards de l’activité humaine sont les tonnes de déchets ménagers qui s’amoncellent à la décharge de N’Tchenguè ainsi qu’une multitude de petites décharges sauvages ici et là. L’examen de ces déchets ménagers nous dévoile les différentes matières qui les composent : le plastique (sacs, emballages, bouteilles, bidons, tissus, crayons, briquets, rasoirs, etc…), le papier (emballages, papeterie, journaux, cartons, etc…), le bois (caisses, palettes, déchets de jardinage, etc…), le verre (bouteilles, verres, vitres, etc…), l’aluminium (canettes, bombes, etc…), l’électronique (téléphones portables, ordinateurs, cartouches d’imprimantes, etc…), les déchets de cuisine (os, arêtes de poissons, légumes, fruits, etc…), l’électroménager, les piles et les batteries. Lors des pluies, ces polluants (lesquels ?) rejoignent notre nappe phréatique, qui se situe entre - 50 et – 80 cm en fonction des saisons, et qui est déjà bien polluée par les eaux résiduelles de nos fosses septiques. Cette eau polluée poursuit ensuite son inexorable chemin vers la mer, tout en alimentant les différentes plantations alimentaires des citoyens et de l’agro-industrie, fixant les polluants dans les racines, qui se diffusent ensuite dans les feuilles des plantes et dans les fruits de notre alimentation. A son arrivée en mer, l’eau polluée contenant les agents polluants et les métaux lourds remonte toute la chaîne alimentaire de la faune des eaux côtières contaminant ainsi les poissons et les crustacées que nous consommons régulièrement. Ceci est donc un vrai problème de Santé Publique.
Ces matières engendrent des nuisances diverses, visuelles et olfactives, ainsi qu’une pollution chimique de l’eau, du sol, de l’air et de notre alimentation pour de très nombreuses années. En clair, nous mangeons nos déchets. Des solutions techniques et des possibilités de financement existent pour changer de paradigme. Ce changement de stratégie implique le développement d’une politique environnementale de la Ville qui se devra d’être audacieuse et efficace avec un plan d’actions à mettre en place à court, moyen et long terme. C’est la condition sine qua non pour permettre d’améliorer la qualité de notre Environnement et notre santé, notre bien commun, dans le prolongement de la politique de « Gabon Vert » prônée par le chef de l’Etat.
En résumé : la pollution des eaux par les déchets a un impact sur la chaine alimentaire (faune, flore) et sur la santé publique.
Avec la création de la future « zone franche » en dehors des risques environnementaux et de pollutions déjà évoqués plus haut, de nouveaux dangers émergent. Ils sont liés aux choix des futures activités à l’intérieur de cette dernière, où un pool d’industrie chimique devrait voir le jour : une usine d’engrais chimique, une usine d’ammoniac et une super raffinerie en remplacement de celle existante. Or l’histoire de notre monde moderne a été émaillée par des accidents majeurs pour rappel :
· Minamata (Japon) intoxication au mercure, aujourd'hui (2011), 55 ans après le début officiel de la maladie (mai 1956), plus de 13 000 malades ont été reconnues par l'entreprise et l'État, mais près de 25 000 sont encore en attente d'une décision.
· 10 juillet 1976, Seveso (Italie), 1 à 5 kg de dioxine ont été dispersés, 193 personnes, soit 0,6 % des habitants de la zone concernée, ont été atteintes de chloracné, essentiellement des enfants. Aucune n'est décédée, un petit nombre a gardé des séquelles.
· 3 décembre 1984, Bhopal (Inde). La catastrophe de Bhopal est survenue dans la nuit, l'explosion d'une usine Union Carbide (Dow Chemical maintenant) de pesticides a dégagé 40 tonnes d'isocyanate de méthyle dans l'atmosphère de la ville. Cet accident industriel tua officiellement 3 500 personnes, mais fit en fait entre 20 000 et 25 000 décès selon les associations de victimes. Il y aurait eu 3 500 morts la première nuit et un grand nombre par la suite : la moitié dans les premières semaines et l'autre moitié de maladies provoquées par l'exposition aux gaz.
· 21 septembre 2001, Toulouse (France). L’usine AZF de Toulouse est détruite par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium, entraînant la mort de 30 personnes, faisant 2 500 blessés et de lourds dégâts matériels.
La chronologie de ces accidents majeurs dans l’industrie chimique qui précède, permet de voir que ces 4 pays fortement industrialisés, malgré toutes leurs connaissances et leur maîtrise des techniques n’ont pu endiguer de telles catastrophes. Alors une seule question se pose, pouvons-nous prendre un tel risque pour notre ville et sa population ? De véritables études d’impact environnementales seront-elles suffisantes ainsi que des réflexions sérieuses afin de tenir compte des problématiques environnementales dans le développement industriel de notre ville ?
En résumé : Le développement industriel dans des secteurs polluants apporte des nouveaux risques industriels et environnementaux.
Pour conclure, de par sa situation insulaire, notre ville qui compte actuellement plus de 150.000 habitants se développe au fil des années, mais trop de risques et de dangers guettent cette dernière si l’on ne prend garde. Le temps est venu de prendre les bonnes décisions pour les générations présentes et futures dans le respect de notre Environnement et de notre santé, et dans le prolongement de la politique du « Gabon Vert », en liaison avec celle du « Gabon industriel ».
Nous avons, pour notre part, déjà identifié des solutions destinées à répondre à une grande partie des problématiques relevées dans la gestion de notre ville. Nous sommes prêts à participer au débat pour notre bien commun.

H2O GABON, Association pour la Protection de la Nature et de l'Environnement, à but non lucratif (régie par la Charte de la Terre), B. P. 1991, PORT-GENTIL ( GABON )
Courriel: h2ogabon@yahoo.fr
Tél
:  00  241 07 53 77 70