communiqué de presse - 23 Novembre 2011
Port-Gentil,
capitale économique gabonaise, au sud-ouest de Libreville, sur l’île Mandji,
est, à l’instar d’autres villes modernes, exposée à tous les risques majeurs
environnementaux et industriels. Prenons comme point de départ, le
développement historique de la ville et les changements climatiques, pour mieux
appréhender les différents périls qui guettent notre ville. Depuis les années
60, l’essor exponentiel de notre ville s’est fait autour de l’exploitation du
pétrole et sans réflexion préalable des conséquences environnementales d’une
telle urbanisation, donc en résumé, de façon anarchique.
L’agrandissement
de l’emprise de la Ville a certes permis l’installation de la population sans
cesse croissante et le développement industriel de notre Ville, mais ce
mouvement s’est réalisé au détriment et non en bonne gestion des problématiques
environnementales pour le bien des générations présentes et futures. Citons
entre autre la déforestation, l’assèchement des marigots et la destruction
des mangroves.
Actuellement,
environ 50 ans plus tard, nous subissons les effets pervers de notre incurie
: l’érosion de la côte de l’île Mandji depuis la façade océanique à l’Ouest, en
passant par la pointe du Cap Lopez au Nord comme celle de l’intérieur de la
Baie à l’Est. Les causes sont connues de tous : la déforestation du
littoral océanique d’Ozouri jusqu’à celle « classée » du Cap Lopez,
la destruction de la mangrove à l’intérieur de la baie pour des constructions
industrielles ou autres, qui sont installées depuis la zone du nouveau port
jusqu’à la marina de l’ancien hôtel « Neng Abembé ». D’autres effets
indésirables sont constatés, dont la création d’un micro-climat sur l’île Mandji
accentué par le changement climatique (mêmes causes pour les mêmes
résultats mais à l’échelle planétaire). De violents et durables épisodes
pluvieux inondent régulièrement les nombreux points les plus bas de notre
ville, intensifiés par une montée remarquée de la mer. Ces inondations
récurrentes lors des épisodes pluvieux surviennent même lors de marées à
coefficient moyen et d’autres sans influence de la pluie. L’occupation des sols
est une autre cause d’inondation, le sol de la ville étant recouvert par du
bitume et du béton, les écoulements d’eau lors des pluies se dirigent de
préférence une fois de plus vers les points les plus bas de celle-ci (Voir les
solutions du Dr « WATER » pour la ville de Tokyo au Japon).
En résumé :
érosion et destruction de mangrove = micro climat et inondations.
Mais d’autres
périls pèsent sur nous et notre ville : ils ont origine l’activité humaine
ou industrielle. Les effets les plus criards de l’activité humaine sont les
tonnes de déchets ménagers qui s’amoncellent à la décharge de N’Tchenguè
ainsi qu’une multitude de petites décharges sauvages ici et là. L’examen de ces
déchets ménagers nous dévoile les différentes matières qui les composent :
le plastique (sacs, emballages, bouteilles, bidons, tissus, crayons, briquets,
rasoirs, etc…), le papier (emballages, papeterie, journaux, cartons, etc…), le
bois (caisses, palettes, déchets de jardinage, etc…), le verre (bouteilles,
verres, vitres, etc…), l’aluminium (canettes, bombes, etc…), l’électronique
(téléphones portables, ordinateurs, cartouches d’imprimantes, etc…), les
déchets de cuisine (os, arêtes de poissons, légumes, fruits, etc…),
l’électroménager, les piles et les batteries. Lors des pluies, ces polluants
(lesquels ?) rejoignent notre nappe phréatique, qui se situe entre - 50 et
– 80 cm en fonction des saisons, et qui est déjà bien polluée par les eaux
résiduelles de nos fosses septiques. Cette eau polluée poursuit ensuite son
inexorable chemin vers la mer, tout en alimentant les différentes plantations
alimentaires des citoyens et de l’agro-industrie, fixant les polluants dans les
racines, qui se diffusent ensuite dans les feuilles des plantes et dans les
fruits de notre alimentation. A son arrivée en mer, l’eau polluée contenant les
agents polluants et les métaux lourds remonte toute la chaîne alimentaire de la
faune des eaux côtières contaminant ainsi les poissons et les crustacées que
nous consommons régulièrement. Ceci est donc un vrai problème de Santé
Publique.
Ces matières
engendrent des nuisances diverses, visuelles et olfactives, ainsi qu’une pollution
chimique de l’eau, du sol, de l’air et de notre alimentation pour de très
nombreuses années. En clair, nous mangeons nos déchets. Des solutions
techniques et des possibilités de financement existent pour changer de paradigme.
Ce changement de stratégie implique le développement d’une politique
environnementale de la Ville qui se devra d’être audacieuse et efficace avec un
plan d’actions à mettre en place à court, moyen et long terme. C’est la
condition sine qua non pour permettre d’améliorer la qualité de notre
Environnement et notre santé, notre bien commun, dans le prolongement de la
politique de « Gabon Vert » prônée par le chef de l’Etat.
En résumé :
la pollution des eaux par les déchets a un impact sur la chaine alimentaire
(faune, flore) et sur la santé publique.
Avec la création
de la future « zone franche » en dehors des risques environnementaux
et de pollutions déjà évoqués plus haut, de nouveaux dangers émergent. Ils sont
liés aux choix des futures activités à l’intérieur de cette dernière, où un
pool d’industrie chimique devrait voir le jour : une usine d’engrais
chimique, une usine d’ammoniac et une super raffinerie en remplacement de celle
existante. Or l’histoire de notre monde moderne a été émaillée par des accidents
majeurs pour rappel :
· Minamata (Japon) intoxication au mercure, aujourd'hui (2011), 55
ans après le début officiel de la maladie (mai 1956), plus de
13 000 malades ont été reconnues par l'entreprise et l'État, mais près de 25 000 sont encore en attente
d'une décision.
· 10 juillet 1976, Seveso (Italie), 1 à 5 kg de dioxine ont été dispersés, 193 personnes,
soit 0,6 % des habitants de la zone concernée, ont été atteintes de chloracné, essentiellement
des enfants. Aucune n'est décédée, un petit nombre a gardé des séquelles.
· 3 décembre 1984, Bhopal (Inde). La catastrophe
de Bhopal est survenue dans la nuit, l'explosion d'une usine Union Carbide (Dow Chemical maintenant) de
pesticides a dégagé 40 tonnes d'isocyanate de méthyle dans
l'atmosphère de la ville. Cet accident industriel
tua officiellement 3 500 personnes, mais fit en fait entre 20 000 et 25
000 décès selon les associations de victimes. Il y aurait eu 3 500
morts la première nuit et un grand nombre par la suite : la moitié
dans les premières semaines et l'autre moitié de maladies provoquées par
l'exposition aux gaz.
· 21 septembre 2001, Toulouse
(France). L’usine AZF
de Toulouse est détruite par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium,
entraînant la mort de 30 personnes, faisant 2 500 blessés et
de lourds dégâts matériels.
La chronologie
de ces accidents majeurs dans l’industrie chimique qui précède, permet de voir
que ces 4 pays fortement industrialisés, malgré toutes leurs connaissances et
leur maîtrise des techniques n’ont pu endiguer de telles catastrophes. Alors
une seule question se pose, pouvons-nous prendre un tel risque pour notre ville
et sa population ? De véritables études d’impact environnementales
seront-elles suffisantes ainsi que des réflexions sérieuses afin de tenir
compte des problématiques environnementales dans le développement industriel de
notre ville ?
En résumé :
Le développement industriel dans des secteurs polluants apporte des nouveaux
risques industriels et environnementaux.
Pour conclure,
de par sa situation insulaire, notre ville qui compte actuellement plus de
150.000 habitants se développe au fil des années, mais trop de risques et de
dangers guettent cette dernière si l’on ne prend garde. Le temps est venu de
prendre les bonnes décisions pour les générations présentes et futures dans le
respect de notre Environnement et de notre santé, et dans le prolongement de la
politique du « Gabon Vert », en liaison avec celle du « Gabon
industriel ».
Nous avons, pour
notre part, déjà identifié des solutions destinées à répondre à une grande
partie des problématiques relevées dans la gestion de notre ville. Nous sommes
prêts à participer au débat pour notre bien commun.
H2O GABON, Association pour la Protection de la Nature et de l'Environnement, à but non lucratif (régie par la Charte de la Terre), B. P. 1991, PORT-GENTIL ( GABON )
Courriel: h2ogabon@yahoo.fr
Tél: 00 241 07 53 77 70
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