mardi 4 décembre 2012

Notre réponse à la consultation publique sur la ZIEC de Port Gentil du 25/05/2012




1- Réponse à la consultation publique sur la ZIEC de Port Gentil du 25/05/2012
Vidéo - Le rôle des Mangroves dans la protection de la faune et de l'environnement.
H2O Gabon / Top Bendjé TV (Port Gentil)

(Cette intervention a été perturbée par des responsables du pouvoir qui ne pouvaient accepter la critique).

La mangrove est un milieu aquatique côtier dont les paramètres physico-chimiques de l’eau varient plusieurs fois par cycle de 24 heures. L’eau passe par les états suivants : eau douce, à saumâtre puis salée, et vice versa, en fonction des marées et des saisons.
La flore aérienne de ce milieu est composée en grande majorité de palétuviers. Le palétuvier est un arbuste ayant des facultés adaptatives à ce genre de conditions extrêmes. Grâce à ses racines aériennes, il retient la plus grande partie des sédiments en suspension dans l’eau, évitant ainsi d’étouffer la microflore et la microfaune alentours qui se développent sur les zones sableuses.
En dehors de ses capacités filtrantes et de barrière anti érosion, la mangrove est un réservoir d’une grande diversité : c’est un site de reproduction, d’écloserie, de nurserie pour la faune aquatique benthique et pélagique.
On y trouve aussi un nombre important d’espèces inféodées à ce type de milieu : des invertébrés (mollusques, crabes, etc ...), des oiseaux du littoral (courlis, mouettes, aigles, etc ...), des reptiles et des mammifères. Enfin, outre un haut lieu de biodiversité, la mangrove est un écosystème primordial contre l’érosion des côtes.
Elle forme un barrage efficace contre la houle océanique surtout lors des tempêtes de la saison des pluies. Détruire un tel écosystème mettrait donc en péril les grands équilibres, et la ville de Port-Gentil, principalement lors des saisons des pluies. Nous connaissons tous les problèmes que pose le terminal du Cap Lopez, mais aussi le nouveau port : Leur construction a induit des modifications dans les courants marins et sous-marins, en accélérant l’érosion dans différents endroits de l’île Mandji et particulièrement de notre ville. Assez régulièrement au Cap Lopez, des zones de plages s’effondrent dans l’Océan. Une destruction complémentaire de l’écosystème ne va-t-il pas en accélérer le phénomène ? Veut-on voir un jour le terminal pétrolier s’abimer dans l’Océan ? La ville de Port Gentil est déjà au niveau de la mer et subit de plein fouet la montée des eaux due au changement climatique, il me semble que nous allons droit à la catastrophe. Peut-on se permettre de prendre un tel risque ? A contrario, il serait souhaitable de développer à nouveau les mangroves, afin que restaurer l’équilibre avec la Nature. C’est un coût financier très raisonnable, au regard des risques financiers qu’il permet de prévenir.
La ZES a-t-elle nécessairement besoin d’être construite sur des zones qui protègent la ville de Port-Gentil, ses industries et plusieurs milliers habitations ? Qui  payera les conséquences dévastatrices de cette atteinte majeure à la mangrove qui protégeait Port-Gentil gratuitement ? Nous, malheureusement …
Il y a quelques temps déjà, j’ai eu la chance d’assister à la consultation publique organisée par OLAM, qui est un acteur essentiel de cette ZES, puisque selon leur présentation, il devrait y implanter différentes activités. Lors de cette présentation sur la ZES, dans l’ordre des idées fantaisistes évoquées, des hôtels et des zones réservées à l’aquaculture/pisciculture. Comment peut-on prétendre installer les activités citées ci-dessus à proximité immédiate d’un complexe pétrochimique (une raffinerie) et chimique (une usine d’engrais type AZF et une usine d’ammoniac) ?
En ce qui concerne l’activité principale d’OLAM, l’usine d’engrais chimique, le projet bénéficie de la proximité de la matière première (le gaz). Mais le monde agricole est en profond bouleversement et de plus en plus d’agriculteurs abandonnent les engrais chimiques, car trop polluants, trop risqués pour la santé de ces derniers et des consommateurs (ces risques ont été établis par de nombreuses études scientifiques de part le monde). N’est-ce pas pour cela que l’on a décidé de créer ces chimères que l’on appelle « les  OGM ou Organismes Génétiquement Modifiés » pour éviter d’utiliser des engrais et des pesticides, qui causent de gros dégâts environnementaux : pollution des sols, de l’air, des nappes phréatiques, des fleuves et des océans, pour une production stagnante qui n’empêche pas le tiers monde de mourir de faim… une utopie en remplace une autre. Dans un monde où les risques sanitaires et alimentaires sont de plus en plus identifiés et dénoncés, comment peut-on envisager vendre des engrais chimiques alors que l’agriculture villageoise locale décline car les jeunes générations ne daignent pas s’intéresser au travail de la terre. A l’international, on a et on va avoir de plus en plus de mal à trouver des débouchés  pour ce type de produits dangereux dans les années à venir. Car la conscience des peuples évolue vers un mieux être et un mieux manger.
Pour prolonger mon propos, j’aimerai rappeler aux auditeurs, l’accident du 21 septembre 2001 à Toulouse (France). L’usine AZF de Toulouse est détruite par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium (engrais chimique), entraînant la mort de 30 personnes, faisant 2 500 blessés, laissant 14 000 personnes atteintes de lourds traumatismes psychiques et de lourds dégâts matériels se chiffrant à environ 2 milliards d’Euros. Résultat, une ville profondément meurtrie, une ville en procès contre La société Grande Paroisse (Total) depuis plus de 10 ans, à ce jour aucunes indemnités n’ont été versées au titre de dommages. Comme nous le voyons ci-dessus, ce genre d’industrie n’est pas sans danger. Le 1er risque est la pollution de l’air en cas d’incident ou d’accident, ce qui pourrait en fonction de la concentration et de la direction du vent, l’air ainsi contaminée provoquerait des vertiges, des nausées, voir la mort par asphyxie de la population en fonction de sa proximité.  Le 2ème risque de pollution par débordements des eaux usées ou par accident, la proximité de la mer engendrerait l’extinction immédiate de la Faune et de la Flore aquatique sur toutes les zones aquatiques polluées. Le 3ème risque est non des moindres, l’explosion, nous avons déjà vu plus haut  les effets et les résultats, sachant que la déforestation des alentours de Port-Gentil et son particularisme urbain ne jouent pas en notre faveur, dans ce cas. Malgré une étude d’impact environnementale peu convaincante. 

Certaines questions me brulent les lèvres :

Ø  Pourquoi s’entêter à vouloir installer une telle industrie à proximité immédiate de la ville ?
Ø  A-t-on pris en compte le voisinage trop proche de 2 autres industries à tendance explosive, le terminal pétrolier du Cap Lopez et la raffinerie de la SOGARA ?
Ø  Ne risque-t-on pas « un effet boule de neige » ?
Ø  Sans être un oiseau de mauvais augures, en cas de pollution de l’eau ou de l’air serait-on capable de circonscrire et d’endiguer ces dernières ?
Ø  Dans le cas d’une explosion de type AZF, avons-nous assez de lits pour prendre en charge un nombre très important de patients dans notre hôpital où déjà les places sont limitées ?
Ø  Avons-nous un corps médical en nombre et capable de traiter ce genre de pathologie liés aux accidents majeurs industriels ?
Ø  En cas de pollution de la mer, qui va restaurer et payer les dégâts causés à l’Environnement ?
Ø  En cas de pollution de l’air qui va prendre en charge et indemniser les personnes ou les ayants droits ?
Ø  En cas de catastrophe majeure au final, qui  va payer ?
Je vous laisse répondre à mes légitimes interrogations en vos âmes et consciences, puis longuement méditer sur cette phrase qui pourrait servir de mise en garde. Elle nous vient de l’inventeur du terme scientifique « biodiversité », l’Entomologiste et biologiste américain, le Prof Edward Osborne WILSON, dont voici la teneur «L’humanité ne se définit pas parce qu’elle crée, mais par ce qu’elle choisit de ne pas détruire ».

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