H2O Gabon / Top Bendjé TV (Port Gentil)
(Cette
intervention a été perturbée par des responsables du pouvoir qui ne pouvaient
accepter la critique).
La mangrove
est un milieu aquatique côtier dont les paramètres physico-chimiques de l’eau
varient plusieurs fois par cycle de 24 heures. L’eau passe par les états suivants :
eau douce, à saumâtre puis salée, et vice versa, en fonction des marées et des
saisons.
La flore
aérienne de ce milieu est composée en grande majorité de palétuviers. Le
palétuvier est un arbuste ayant des facultés adaptatives à ce genre de conditions
extrêmes. Grâce à ses racines aériennes, il retient la plus grande partie des
sédiments en suspension dans l’eau, évitant ainsi d’étouffer la microflore et
la microfaune alentours qui se développent sur les zones sableuses.
En dehors de
ses capacités filtrantes et de barrière anti érosion, la mangrove est un
réservoir d’une grande diversité : c’est un site de reproduction,
d’écloserie, de nurserie pour la faune aquatique benthique et pélagique.
On y trouve
aussi un nombre important d’espèces inféodées à ce type de milieu : des
invertébrés (mollusques, crabes, etc ...), des oiseaux du littoral (courlis,
mouettes, aigles, etc ...), des reptiles et des mammifères. Enfin, outre un
haut lieu de biodiversité, la mangrove est un écosystème primordial contre l’érosion
des côtes.
Elle forme
un barrage efficace contre la houle océanique surtout lors des tempêtes de la
saison des pluies. Détruire un tel écosystème mettrait donc en péril les grands
équilibres, et la ville de Port-Gentil, principalement lors des saisons des
pluies. Nous connaissons tous les problèmes que pose le terminal du Cap Lopez,
mais aussi le nouveau port : Leur construction a induit des modifications
dans les courants marins et sous-marins, en accélérant l’érosion dans
différents endroits de l’île Mandji et particulièrement de notre ville. Assez
régulièrement au Cap Lopez, des zones de plages s’effondrent dans l’Océan. Une
destruction complémentaire de l’écosystème ne va-t-il pas en accélérer le
phénomène ? Veut-on voir un jour le terminal pétrolier s’abimer dans
l’Océan ? La ville de Port Gentil est déjà au niveau de la mer et subit de
plein fouet la montée des eaux due au changement climatique, il me semble que
nous allons droit à la catastrophe. Peut-on se permettre de prendre un tel risque ?
A contrario, il serait souhaitable de développer à nouveau les mangroves, afin
que restaurer l’équilibre avec la Nature. C’est un coût financier très
raisonnable, au regard des risques financiers qu’il permet de prévenir.
La ZES a-t-elle nécessairement besoin
d’être construite sur des zones qui protègent la ville de Port-Gentil, ses
industries et plusieurs milliers habitations ? Qui payera les
conséquences dévastatrices de cette atteinte majeure à la mangrove qui
protégeait Port-Gentil gratuitement ? Nous, malheureusement …
Il y a
quelques temps déjà, j’ai eu la chance d’assister à la consultation publique
organisée par OLAM, qui est un acteur essentiel de cette ZES, puisque selon
leur présentation, il devrait y implanter différentes activités. Lors de cette
présentation sur la ZES, dans l’ordre des idées fantaisistes évoquées, des
hôtels et des zones réservées à l’aquaculture/pisciculture. Comment peut-on
prétendre installer les activités citées ci-dessus à proximité immédiate d’un
complexe pétrochimique (une raffinerie) et chimique (une usine d’engrais type
AZF et une usine d’ammoniac) ?
En ce qui
concerne l’activité principale d’OLAM, l’usine d’engrais chimique, le projet
bénéficie de la proximité de la matière première (le gaz). Mais le monde
agricole est en profond bouleversement et de plus en plus d’agriculteurs
abandonnent les engrais chimiques, car trop polluants, trop risqués pour la
santé de ces derniers et des consommateurs (ces risques ont été établis par de
nombreuses études scientifiques de part le monde). N’est-ce pas pour cela que
l’on a décidé de créer ces chimères que l’on appelle « les OGM ou
Organismes Génétiquement Modifiés » pour éviter d’utiliser des
engrais et des pesticides, qui causent de gros dégâts environnementaux :
pollution des sols, de l’air, des nappes phréatiques, des fleuves et des
océans, pour une production stagnante qui n’empêche pas le tiers monde de
mourir de faim… une utopie en remplace une autre. Dans un monde où les risques
sanitaires et alimentaires sont de plus en plus identifiés et dénoncés, comment
peut-on envisager vendre des engrais chimiques alors que l’agriculture
villageoise locale décline car les jeunes générations ne daignent pas
s’intéresser au travail de la terre. A l’international, on a et on va avoir de
plus en plus de mal à trouver des débouchés pour ce type de produits
dangereux dans les années à venir. Car la conscience des peuples évolue vers un
mieux être et un mieux manger.
Pour
prolonger mon propos, j’aimerai rappeler aux auditeurs, l’accident du 21
septembre 2001 à Toulouse (France). L’usine AZF de Toulouse
est détruite par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium (engrais
chimique), entraînant la mort de 30 personnes, faisant 2 500
blessés, laissant 14 000 personnes atteintes de lourds
traumatismes psychiques et de lourds dégâts matériels se chiffrant à
environ 2 milliards d’Euros. Résultat, une ville profondément meurtrie, une
ville en procès contre La société Grande Paroisse (Total) depuis plus de 10
ans, à ce jour aucunes indemnités n’ont été versées au titre de dommages. Comme
nous le voyons ci-dessus, ce genre d’industrie n’est pas sans danger. Le 1er
risque est la pollution de l’air en cas d’incident ou d’accident, ce qui
pourrait en fonction de la concentration et de la direction du vent, l’air
ainsi contaminée provoquerait des vertiges, des nausées, voir la mort par
asphyxie de la population en fonction de sa proximité. Le 2ème
risque de pollution par débordements des eaux usées ou par accident, la
proximité de la mer engendrerait l’extinction immédiate de la Faune et de la
Flore aquatique sur toutes les zones aquatiques polluées. Le 3ème
risque est non des moindres, l’explosion, nous avons déjà vu plus haut
les effets et les résultats, sachant que la déforestation des alentours de Port-Gentil
et son particularisme urbain ne jouent pas en notre faveur, dans ce cas. Malgré
une étude d’impact environnementale peu convaincante.
Certaines questions me brulent les
lèvres :
Ø
Pourquoi s’entêter à vouloir installer une telle industrie à proximité
immédiate de la ville ?
Ø
A-t-on pris en compte le voisinage trop proche de 2 autres industries à
tendance explosive, le terminal pétrolier du Cap Lopez et la raffinerie de la
SOGARA ?
Ø Ne
risque-t-on pas « un effet boule de neige » ?
Ø Sans
être un oiseau de mauvais augures, en cas de pollution de l’eau ou de l’air
serait-on capable de circonscrire et d’endiguer ces dernières ?
Ø Dans
le cas d’une explosion de type AZF, avons-nous assez de lits pour prendre en charge
un nombre très important de patients dans notre hôpital où déjà les places sont
limitées ?
Ø
Avons-nous un corps médical en nombre et capable de traiter ce genre de
pathologie liés aux accidents majeurs industriels ?
Ø En
cas de pollution de la mer, qui va restaurer et payer les dégâts causés à
l’Environnement ?
Ø En
cas de pollution de l’air qui va prendre en charge et indemniser les personnes
ou les ayants droits ?
Ø En
cas de catastrophe majeure au final, qui va payer ?
Je vous laisse répondre à mes légitimes interrogations
en vos âmes et consciences, puis longuement méditer sur cette phrase qui
pourrait servir de mise en garde. Elle nous vient de l’inventeur du terme
scientifique « biodiversité », l’Entomologiste et biologiste
américain, le Prof Edward Osborne WILSON, dont voici la teneur «L’humanité
ne se définit pas parce qu’elle crée, mais par ce qu’elle choisit de ne pas
détruire ».
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